Le changement durable : thème phare d’Europlatform 2022
Selon les intervenants qui se sont exprimés lors de la conférence Europlatform de la fédération internationale des matériels d’accès en hauteur (IPAF), le jeudi 15 septembre 2022, la compréhension et la réduction de l’empreinte carbone, la garantie de l’inclusion sociale au sein de la main-d’œuvre, mais aussi la réduction et la réutilisation des ressources dans le cadre de l’économie circulaire sont autant d’éléments essentiels pour parvenir à un changement durable.
Environ 120 acteurs du secteur de l’accès en hauteur ont assisté à la conférence au Grand Hotel Palatino de Rome, en Italie. Cet événement était organisé en collaboration avec le magazine Access International, partenaire médiatique officiel de l’IPAF. Les intervenants ont abordé des sujets largement axés sur le développement durable, la diversité, le développement numérique, les achats éthiques, le recrutement et la formation, ainsi que l’autonomisation des professionnels de l’industrie par l’inclusion sociale.
Peter Douglas, PDG de l’IPAF, a souhaité la bienvenue aux participants et aux conférenciers et a remercié tous les commanditaires de l’événement. Il a ensuite présenté Marga Hoek, experte en développement durable, qui a prononcé un discours sur la nécessité de progresser d’urgence pour atteindre les objectifs mondiaux de développement durable.
« Nous agissons actuellement comme si nous avions 1,75 planète. Ce dépassement signifie que chaque année, le 25 juillet, nous avons déjà épuisé toutes les ressources que la planète peut fournir. Malheureusement, cette journée arrive de plus en plus tôt chaque année », a expliqué Marga. Remettant la nécessité d’un changement radical dans son contexte, elle a ajouté : « D’ici 2050, il y aura plus de plastique que de poissons dans l’océan. Environ 1 000 milliards de dollars de nourriture produite sont gaspillés chaque année ! »
Elle a vanté les vertus de l’économie circulaire, en soulignant combien il est illogique pour une entreprise d’en payer une autre pour recycler les déchets : « Nous payons la société, et c’est l’autre société qui reçoit des choses. Ça n’a pas de sens ! Il est beaucoup plus rentable d’examiner la façon dont nous réutilisons ou recyclons les matériaux nous-mêmes, et de réduire les déchets à l’avenir. »
Douglas McLuckie, directeur général ESG chez Ashtead Group, société mère de Sunbelt Rentals, souligne également l’importance de s’attaquer aux questions sociales et de développement durable dans l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise : « Notre stratégie est simple et divisée en quatre catégories : environnement, gouvernance et social (personnes et communautés). Nous présentons le développement durable comme une proposition de vente unique. La location fait partie intégrante de l’économie circulaire. Elle s’intègre dans un paysage connecté, et nous pouvons aider nos clients à se rendre compte de leur utilisation. Ce qui est répertorié est géré. »
En ce qui concerne le changement des sources de carburant, telles que l’hydrogène, il a déclaré que « l’infrastructure est en chemin », dans le cadre de la création de solutions énergétiques intégrées. Il a parlé du contenu carbonique et de la philosophie « du berceau à la tombe » qui affecte tous les stades du cycle de vie des biens de location. La location d'un bien typique à une vingtaine de clients différents par an permet d'économiser le carbone incorporé d'un bien donné par rapport à ce que serait l'achat de la machine par le client plutôt que sa location, a-t-il ajouté. Ashtead estime que son parc de location de pelleteuses permet à lui seul d’économiser l’équivalent de 77 000 véhicules de tourisme en émissions de carbone par an : « Alors, s’il vous plaît, n’envisagez pas cela comme un fardeau : il existe des opportunités phénoménales si vous les recherchez. »
James Cadman, directeur du conseil et du carbone, pour Action Sustainability et la Supply Chain School, a demandé : « Pourquoi avons-nous besoin d’adopter une approche durable ? Quelles sont les voies susceptibles de nous mener au zéro net d’ici 2050 ? Nous avons connu la révolution informatique il y a 20 à 25 ans de cela ; nous vivons maintenant une période de changement similaire. L’un des côtés positifs de la pandémie, c’est qu’elle a stimulé les conversations sur le développement durable. Nous avons vraiment besoin d’un engagement précoce de la part des entrepreneurs. Mieux vaut donc tenir cette conversation le plus tôt possible avec vos clients. Le développement durable est de plus en plus répandu, atteignant presque le même degré de priorité que la sécurité en tête d’affiche, maintenant », a-t-il ajouté.
En ce qui concerne la normalisation, il a demandé : « Combien de chargeurs de téléphone différents avons-nous ? Nous avons besoin de composants communs et d’une infrastructure universelle. Nous devons également examiner la chaîne d’approvisionnement, y compris la réduction de l’empreinte carbone. Envisagez le développement durable des activités de location en réfléchissant aux outils que vous avez à la maison : vos marteaux, scies et perceuses, etc. À quelle fréquence utilisez-vous ces outils ? Il en va de même pour la location d’équipements : il est presque toujours plus rentable de louer que d’acheter une machine.
« Lorsque nous sommes réunis ainsi dans une même pièce, il faut laisser les aspects commerciaux à la porte afin d’examiner les problèmes et les solutions communs. Pouvons-nous établir de nouvelles normes minimales en tant qu’industrie, afin d’éclairer la façon dont nous évaluons la performance, dont nous communiquons avec les parties prenantes et dont nous formons les employés ? »
Barrie Lindsay, directeur de l’ingénierie chez JLG, a donné un aperçu de la manière dont le fabricant s'efforce de contribuer à la réalisation des objectifs mondiaux de zéro émission, récemment réaffirmés par de nombreux pays lors du sommet COP26 à Glasgow, au Royaume-Uni. « Comment les initiatives de développement durable peuvent-elles être source d’efficacité dans l’ensemble de l’écosystème de la construction ? » Nous devons examiner tous les niveaux, du dépôt au chantier, ainsi que les acteurs impliqués.
« Une stratégie de longue date a été mise en place pour parvenir à zéro émission. Il est intéressant de noter que les pressions exercées ne proviennent pas seulement de la législation, mais aussi des clients qui mesurent et améliorent leurs propres émissions de carbone. Si nous souhaitons adopter une vision globale de la conception des PEMP, nous devons tenir compte des attributs des produits qui contribuent à l’efficacité énergétique. En tant qu’entreprise, la réduction de l’empreinte carbone est aujourd’hui un volet essentiel de notre mission. »
Il a abordé les défis de l’électrification sur l’ensemble du portefeuille de produits de JLG et a examiné les implications et les limites de l’infrastructure de charge actuelle. « Les points de recharge posent davantage de défis sur un chantier de construction que dans les applications automobiles. Les équipements doivent fonctionner pendant la journée et se recharger pendant la nuit. Les points de charge doivent être standardisés, y compris les connecteurs. Les fabricants doivent conjuguer leurs efforts pour surmonter les obstacles liés à l’infrastructure de recharge ».
Il a également parlé de la numérisation, des données télématiques, des solutions de charge portables pendant l’utilisation de machines et de l’automatisation des tâches de travail en hauteur, y compris le soudage robotisé, ajoutant à ce sujet : « Ce n’est que grâce à une collaboration volontaire dans l’ensemble de l’écosystème que nous pouvons espérer atteindre nos objectifs de zéro émission nette. »
Paolo Pianigiani, directeur commercial d’IMER International, a également fait l’éloge de l’économie circulaire : "Penser globalement, agir localement est depuis longtemps un mantra de la manière dont nous livrons nos marchés clés. Notre objectif principal est l’économie circulaire, et vise à encourager la réduction et la réutilisation des matériaux que nous gaspillions parfois auparavant. Nous pouvons être vecteurs de changement grâce à l’innovation ; nous devons démontrer notre capacité à interagir avec le marché et à l’influencer, et à communiquer efficacement les avantages de ces innovations.
Nous devons utiliser des matériaux qui favorisent une plus grande durabilité et des processus nous permettant d’y parvenir. Un meilleur service à la clientèle encourage également une approche axée sur le marché total, qui nous permet de fournir nos services à nos clients dans un contexte de respect mutuel. Nous devons soutenir et stimuler cette transition vers une économie verte. L’avenir commence maintenant ! »
Karin Nars, présidente de l’IPAF et directrice générale de Dinolift, a mis l’accent sur l’autonomisation des travailleurs et l’importance d’accorder la parole aux parties prenantes : « Si vous souhaitez améliorer la santé et la sécurité au travail et la performance des entreprises, vous ne pouvez pas négliger les individus : pour aboutir, le développement durable doit avoir un aspect social.
La diversité et l’inclusion sont des valeurs que nous avons parfois du mal à traduire en actions concrètes. Nous devons étayer les messages au moyen d’actions adaptées. Sinon, le message se perd dans tout le bruit qui nous entoure. Pour citer Verna Myers : « La diversité est invitée à la fête ; l’inclusion est invitée à danser ».
Nous devons tous avoir l’impression de pouvoir contribuer de manière significative à la réussite de notre entreprise. Par exemple, au printemps dernier, nous avons lancé notre initiative Women in Powered Access (Femmes dans le secteur de l’accès en hauteur). Nous devons attirer de nouveaux talents et faire de la concurrence aux industries qui ont une longueur d’avance sur nous dans le secteur de l’accès en hauteur. Nous devons partager des récits et communiquer la contribution des femmes dans notre industrie afin de favoriser l’inclusion et de générer un sentiment d’appartenance chez les autres.
Si nous encourageons les gens à dénoncer les comportements dangereux, ils n’hésiteront pas à s’exprimer, même s’ils ont peur de faire une erreur. Nous devons établir une relation de confiance, permettre à chacun d’être pleinement lui-même sur son lieu de travail et de s’exprimer en toute confiance. En agissant ainsi, en écoutant et en faisant preuve d'empathie, nous pouvons encourager et responsabiliser les personnes qui nous entourent afin qu'elles contribuent à la sécurité de tous dans notre secteur."
Après le déjeuner, une table ronde présidée par Peter Douglas, réunissant Glyn Brearley, directeur des achats et de la formation chez Loxam, Philippe Witte, directeur technique et de la flotte chez Riwal, et Kai Schliephake, PDG de PartnerLift, a examiné la durabilité du point de vue des stratégies d'achat des sociétés de location.
Glyn a expliqué : « Si nous avons besoin d’une machine dans notre flotte et qu’elle existe dans un modèle électrique ou hybride, nous devons acheter cette version ». Kai a convenu que les machines entièrement électriques comportent des avantages : « En règle générale dans la location de machines, lorsque l’opérateur travaille, la machine est immobile, ce qui offre la possibilité de recharger les batteries pendant l’utilisation de la PEMP. »
En réponse à une question sur la façon dont le secteur de la location gère l’augmentation du coût des machines vertes, Glyn a déclaré : « Sur le papier, l’analyse des coûts sur toute la durée de vie semble intéressante, mais nous ne savons pas vraiment à quoi nous attendre en termes d’entretien ou d’élimination sur l’ensemble de la durée de vie. De plus, les clients ne comprennent pas encore la différence de coût. »
Les coûts énergétiques sont si élevés à présent que Philippe a suggéré qu’il s’agit du moment idéal « pour examiner les structures tarifaires ». Glyn a, quant à lui, parlé d’équiper les dépôts pour l’avenir afin que la demande en électricité ne dépasse pas l’offre pendant les périodes de pointe.
Le panel a examiné les impacts des forces géopolitiques telles que la pandémie, la crise du coût de la vie et la guerre en Ukraine : « Il est difficile de déterminer exactement lequel de ces événements est le principal vecteur de changement », a déclaré Glyn. En outre, tous les panélistes ont convenu que les prix des équipements d’occasion étaient soutenus par une pénurie et des délais accrus de livraison de nouvelles machines.
Søren Brogaard Jensen, PDG de Trackunit, a parlé des avancées dans l’accès et le contrôle des machines, et de leurs implications en termes de développement durable. Il s’agit d’une technologie qui était confrontée à des problèmes redoutables il y a à peine une dizaine d’années ; elle a parcouru « un long chemin en peu de temps », a-t-il commenté. « Le contrôle de l’accès est en train de passer du statut d’“option intéressante” à celui d’“élément indispensable”. Cette transition a été motivée en partie par la législation, mais aussi par la demande des grandes sociétés de location en termes de gestion de flotte. »
Il a parlé de l’application ePAL de l’IPAF, développée par Trackunit en partenariat avec l’IPAF, et a déclaré qu’il avait rarement vu « une adoption aussi rapide par l’ensemble de l’industrie ». Il a reconnu que l’application de première génération avait fait « un début prometteur » et a présenté certaines des ambitions susceptibles d’être réalisées dans les versions à venir de l’application ePAL, notamment dans le but d’exploiter tout le potentiel de l’application en matière d’intégration avec le contrôle de l’accès aux machines.
« Nous avons de bonnes bases [en télématique] et sommes en mesure de nous demander : en plus des excellents rapports et du partage de données par la communauté d’IPAF, quelles sont les causes profondes des principaux types d’accidents mortels dans le secteur de l’accès en hauteur ? Il est bon pour les affaires de faire le nécessaire, de faire ce qu’il faut. Cela profite à tous. Le contrôle de l’accès permet de recueillir des données qui peuvent améliorer la sécurité en enregistrant la durée d’utilisation des équipements, en évitant les utilisations abusives et en faisant état de l’expérience de l’opérateur.
Cela signifie que nous pourrions créer un seul système unifié d’identification pour les travaux d’accès qui pourrait être intégré à l’application ePAL de l’IPAF. Nous devons fournir à l’IPAF le soutien nécessaire pour continuer à développer l’application ; en ce qui concerne le contrôle de l’accès, nous avons besoin d’un coup de pouce de la part des équipementiers ; et du point de vue de la législation, nous devons influencer l’adoption de nouvelles normes.
Nous devons aussi comprendre que les données sont fluides comme le vent ou l’eau : nous rencontrons toujours une certaine réticence vis-à-vis de cette idée et nous devons échapper au piège de penser que les données sont une panacée, une sorte de nouveau pétrole. Ce n’est vraiment pas le cas ! », a-t-il conclu, en réponse à une question posée dans la salle.
Pier Angelo Cantù, fondateur et PDG de Rental Consulting, a parlé de l’importance d’analyser intelligemment les données : « Si vous torturez suffisamment les chiffres, ils confesseront n’importe quoi », a-t-il cité. « Il est facile d’obtenir des résultats lors de la collecte de données et de l’interprétation de statistiques. La technologie et la télématique, en particulier, jouent un rôle très important à cet égard. Toutes les entreprises devraient réfléchir à la manière dont elles interprètent et communiquent les données, car cela contribue à favoriser l’adoption de la bonne culture dans notre industrie. »
« Il n’y a pas d’écoles qui apprennent à mener des opérations de location ; les employés doivent donc être formés en interne par l’industrie. Si les employeurs perdent des employés auprès de leurs concurrents parce qu’ils ne les paient pas suffisamment, ils perdent également leur expérience vitale, très appréciée de leurs clients.
Parfois, l’innovation passe inaperçue ou n’est pas pleinement reconnue, souvent parce que les gens sont distraits ou trop occupés pour l’adopter. Cela peut être frustrant — nous éprouvons tous de la sympathie pour la personne ou l’entreprise inventive — mais cela est souvent dû à une mauvaise communication des avantages de l’innovation. Nous devons améliorer cela. »
Romina Vanzi, responsable du développement régional et des PTDM de l’IPAF, a clôturé la conférence en faisant le point sur les derniers développements de l’IPAF en termes de territoires et de formation, et a également abordé l’importance de l’adhésion des membres en matière de signalement des incidents sur le portail www.ipafaccidentreporting.org de l’IPAF.
« L’IPAF a maintenant des centres de formation dans plus de 50 pays et plus de 1 600 membres répartis sur 80 territoires à travers le monde ; l’IPAF doit assurer un niveau de service uniforme à l’ensemble de ses membres. Nous souhaitons remercier tout particulièrement nos membres qui soutiennent l’IPAF dans sa mission : Alimak, Aon, Apex, Eagle Platforms, Haulotte et Riwal.
« Nous sommes en plein cœur d’une transformation numérique, notamment avec ePAL, mais aussi en termes d’intégration des systèmes internes ainsi que de la numérisation de la documentation de nos centres de formation. Vous allez voir apparaître des tests numériques, dont le but sera de réduire d’au moins 50 % le fardeau administratif des membres dispensant des formations.
« Nous devons également jeter un regard un peu plus critique sur le signalement des accidents ; nos membres ne participent pas tous à cette initiative. Le signalement des accidents devrait-il être obligatoire au sein de l’IPAF ? Au Royaume-Uni, par exemple, la déclaration des incidents est obligatoire pour les membres des sociétés de location. Si nous ne savons pas ce qui se passe sur le terrain, nous ne pouvons pas prendre les mesures qui s’imposent. »
Karin Nars a ensuite clôturé la conférence avec quelques remerciements : « L’IPAF est reconnaissante à nos sponsors, à nos intervenants et à toutes les personnes qui ont assisté au salon Europlatform 2022. J’espère que vous avez tous trouvé cet événement productif et que vous repartez en prime avec de nouvelles idées. »